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Ça bourdonne à Ottawa

Certains diront que Marianne et Matt Gee se sont retrouvés avec des colocataires gênants, lorsqu’en 2009, ils découvrirent que 50 000 abeilles avaient élu domicile dans le mur de leur nouvelle résidence à Ottawa. C’est ce qu’ont pensé plusieurs entreprises de lutte contre les insectes appelés à le rescousse par le couple. Elles ont toutes proposé d’exterminer la colonie, mais les nouveaux propriétaires avaient entendu parler de la diminution des colonies d’abeilles. Ils ont donc décidé de prendre les choses en main. Vêtu d’un imperméable, Matt Gee grimpa dans une échelle et démolit le mur où se trouvaient les abeilles, sans avoir la moindre idée qu’il entamait ainsi une carrière d’apiculteur.

L’idée qu’a eue ce couple de découper le rayon de miel, de le placer dans une armoire et d’entraîner les abeilles dans le boisé illustre bien la sensibilité grandissante envers la situation critique de ces insectes, dont la population s’amenuise. Les Gee se sont donnés pour mission, à travers leur entreprise Gees Bees, de sensibiliser le public à cet insecte complexe, méconnue et souvent mal-aimé. Ils gèrent environ 200 ruches, dont plus de la moitié dans la cour arrière de résidents d’Ottawa ayant accepté d’accueillir une colonie. Les Gee se rendent à leurs ruches toutes les deux semaines pour échanger avec les hôtes, accomplir les tâches salissantes et donner des consignes d’entretien de la ruche. Au terme de chaque saison, les hôtes ont la possibilité d’acheter la ruche qu’ils ont appris à entretenir et de devenir eux-mêmes apiculteurs.

C’est là l’objectif final des Gee. Ils voudraient voir 1 000 apiculteurs s’occuper chacun d’une ruche plutôt que 1 000 ruches entretenues par un apiculteur. Malheureusement, avec l’industrialisation de l’apiculture et la croissance de grandes entreprises, de moins en moins de gens savent comment prendre soin d’une ruche ou quoi faire s’ils en découvrent une près de leur habitation. En répartissant les ruches sur le territoire d’une ville plutôt qu’en les regroupant, les Gee affirment que les abeilles risquent moins de propager des maladies d’une colonie à une autre, sont moins stressées et fabriquent un meilleur miel.

Qu’ils choisissent de garder ou non leur ruche, les hôtes se voient offrir 24 pots de miel spécifique à leur quartier. Contrairement au miel des grandes marques que nous retrouvons à l’épicerie, le miel de chaque apiculteur en devenir a un goût légèrement différent, car le pollen utilisé par les abeilles pour fabriquer le miel donne toujours un arôme différent. Le miel peut goûter les fleurs sauvages, la pomme verte ou le melon, en fonction du lieu où ont butiné les abeilles.

Malgré ce goût unique du miel remis aux hôtes, les Gee affirment que le véritable cadeau qu’offrent les abeilles est celui de la pollinisation. Certaines personnes mangent rarement du miel, mais les chances sont grandes pour que vous mangiez chaque jour plusieurs variétés de fruits et de légumes dont la production dépend de la pollinisation des abeilles.

Comme vous pouvez vous l’imaginez, Ottawa abrite des abeilles vigoureuses, pouvant survivre à l’hiver. Les ruches sont enveloppées en novembre afin qu’elles résistent au climat, puis les abeilles s’agglutinent et font vibrer les muscles qui leur servent à voler pour se réchauffer. Les apiculteurs laissent suffisamment de miel à l’intérieur pour qu’elles se nourrissent pendant les mois les plus rudes, en espérant que la plus grande partie de la colonie survivra jusqu’au printemps. Toutefois, avec les hivers canadiens rigoureux et le déclin des populations d’abeilles, on doit faire venir des reines de pays comme le Chili ou l’Australie. Bien qu’elles soient nécessaires pour développer les populations d’abeilles au Canada, elles ne sont pas adaptées à notre climat et meurent en grand nombre pendant l’hiver.

Heureusement, les abeilles sont très réticentes à utiliser leur dard. C’est pourquoi nous avons tout à gagner à donner un coup de main à leur population.

Jardinez en bon stratège

Lorsqu’elles visitent un jardin, les abeilles ont tendance à ne polliniser qu’un seul type de plante. Pour vous assurer qu’elles viennent régulièrement dans votre jardin, plantez une variété de plantes colorées, en carrés denses. Ces carrés aideront les abeilles à trouver des plantes identiques, et la variété de fleurs garantira des éclosions répétées d’une essence à une autre.

Changez votre regard sur les mauvaises herbes

Bon nombre des plantes que nous appelons mauvaises herbes constituent une source immense de nourriture pour les abeilles, selon la saison. Une fois libérées de leurs ruches au printemps, à titre d’exemple, les abeilles prennent d’assaut les pissenlits dont ils cueillent le nectar et le pollen pour refaire leur stock. De même, les fleurs présentes dans les fossés, comme l’aster et la verge d’or, aident les abeilles à faire des provisions avant l’hiver. Vous devriez envisager la possibilité de laisser pousser ces plantes sur votre propriété, elles profiteront à toutes vos autres fleurs.

Appelez un apiculteur

La plupart des gens ne savent pas que bon nombre d’apiculteurs seraient ravis d’être appelés par quelqu’un qui vient de trouver une ruche chez lui. Plutôt que d’exterminer ces insectes, appelez un apiculteur, qui pourra déplacer la ruche et en prendre soin.

Achetez du miel local d’un petit apiculteur

Malheureusement, de nombreuses exploitations d’apiculture à grande échelle cueillent plus de miel que ce dont les abeilles ont besoin pour passer l’hiver. Les apiculteurs remplacent le miel par du sirop de maïs pour les alimenter, mais cette source artificielle d’alimentation entraîne du stress et affaiblit la santé des abeilles. Le miel local a de meilleures chances d’être produit de manière éthique, et la plupart des petits apiculteurs sont ravis de répondre aux questions sur les abeilles et sur l’art de l’apiculture.

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